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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 12:46

Du curé expiant le péché de masturbation au couple formé sur un site de rencontres, Anne-Claire Rebreyend décrit comment a changé notre façon de parler de « la chose ».

Par Renée Greusard, Rue89

 

Des lettres d'amour, des journaux intimes, qui parlent de sexe, d'amour, de liquides ou de sueur.
Dans son exaltant « Dire et faire l'amour », l'historienne Anne-Claire Rebreyend retrace un siècle d'écrits intimes. On s'y plonge avec la délectation d'un enfant trop curieux, en expédition dans le grenier de ses grands-parents.
Certaines lettres (les plus anciennes) parlent de sexe à demi-mot. Comme celle de Reine à son mari (lire ci-dessous). Enceinte, elle craint de ne plus séduire son mari, et lui dit en 1929 :
« Quelquefois, je me demande si nous n'avons pas fini de nous comprendre et pourtant, bébé chéri de nous deux est là pour nous rappeler des heures merveilleuses vécues l'été dernier ; alors jamais plus je ne les vivrai ces heures ? »
En 1994, le ton des jeunes amoureux n'est plus le même. José, 17 ans, écrit à Manon, 16 ans :
« Je t'avoue qu'encore après j'aurai du mal à mettre ce préservatif ; c'est toujours délicat de dire : “J'y vais ? ”. »
Après lecture du livre d'Anne-Claire Rebreyend, on ressort plein de questions vertigineuses, alors on l'a interviewée. Et pour les riverains curieux, on a sélectionné dix lettres et écrits intimes issus des 400 documents que compile « Dire et faire l'amour », qu'elle a bien voulu commenter :
    1.    « Un sujet tabou parmi les historiens » ;
    2.    De 1905 à 2002, huit lettres et huit amours (à venir dans des posts suivants).


Pourquoi vous êtes-vous intéressée à ces écrits ?
Parce que peu de monde s'y intéressait. Du moins dans le monde de l'Histoire, on ne trouvait pas grand-chose là-dessus, et c'était un sujet tabou.
Les historiens en avaient un petit peu peur, parce que le thème évoque des choses très personnelles. En général, on préfère mettre de la distance avec nos objets d'étude.


Finalement, cette histoire que vous dessinez, c'est aussi bien celle de la sexualité que celle du sentiment amoureux ?
Je pense que les deux sont liés : quand on parle d'amour au début du XXe siècle en général, c'est parce qu'on n'ose pas parler de sexualité. Donc on utilise le mot amour pour désigner, en fait, la sexualité.
Dans votre livre, on observe bien, d'ailleurs, l'évolution des mots choisis pour parler de sexe...
C'est assez tard finalement qu'on commence à dire des mots crus. Pendant longtemps, le sexe c'était : « La chose. » Un vocabulaire plus cru est apparu avec le développement de la sexologie et des manuels conjugaux ou d'éducation sexuelle, dans l'entre-deux-guerres.
Là, seulement, un vocabulaire médical a été mis à disposition des gens. Et le vocabulaire que l'on appelle cru est, en fait, surtout un vocabulaire médical.


Aujourd'hui, on ne dit plus l'amour et on n'aime plus de la même manière qu'en 1910 ?
Il est certain qu'il y a des manières d'aimer non seulement différentes selon les époques, mais aussi selon les pays, les lieux géographiques, les cultures.
Pour le cas bien précis de la France, rien que pour le XXe siècle, on peut observer des changements. Et la manière de dire l'amour a aussi changé.

Quels sont pour vous les moments-clés de cette évolution de cette nomination de la sexualité ?
Hormis la révolution sexuelle des années 70, l'un des moment-clés, c'est juste après la Seconde Guerre mondiale. Il se passe quelque chose pour les femmes à ce moment-là.
Elles commencent à davantage avoir l'envie de parler de sexualité et de se plaindre. Elles commencent donc à en parler mais de manière encore souterraine, on a pas encore cette explosion de Mai 68. C'est un terrain qui est en train d'être préparé.


Mais pourtant, on aurait tendance à penser que ces années sont des années d'ordre moral, notamment avec le poids du régime de Vichy...
Vichy a essayé de contrôler la sexualité des Français ou du moins leur vie privée, mais ça n'a pas vraiment fonctionné. Et puis cette période de guerre est l'occasion pour les couples de s'interroger sur ce que c'est que leur mariage ou l'amour qu'ils vivent, de se demander s'il est vraiment si important que ça. Finalement, ce qui leur semblait banal, naturel avant la guerre est complètement remis en question.


A propos des couples pendant la guerre, on a l'impression que ces périodes ont été parfois libératrices. On pense à la correspondance du poilu Constant et de sa femme Gabrielle pendant la Première Guerre mondiale. Il se sont envoyés des lettres enflammées avec des fioles de sperme et des poils pubiens.
Oui, mais, ce couple-là est un couple extravagant pour son époque et aussi pour la nôtre d'ailleurs. Je doute fort qu'à notre époque les couples amoureux, aussi épris soient-ils, s'envoient des fioles de sperme ou des poils pubiens...

 

Aujourd'hui, comment s'aime-t-on ?
Après l'entre-deux-guerres apparaît un amour plus fusionnel. Il ne s'agit plus simplement de faire une équipe et de se marier.
Dans les années 70 apparaît l'idée d'un couple formé par deux individus – cette fois, les femmes comprennent qu'elles sont aussi un individu. Et que dans leur couple, chacun peut avoir des amis différents, des activités différentes.


Qu'attend-on désormais de l'amour ?
Il doit absolument apporter le bonheur. Ça devient extrêmement important et il ne s'agit pas d'un bonheur du couple mais d'un bonheur d'individu.
C'est là que les choses se compliquent, parce que si on attend le bonheur de l'amour, l'amour devient très désirable mais aussi beaucoup plus fragile : on ne s'accommodera plus de la moindre déficience, de ne plus se comprendre ou de ne plus être compatible sexuellement. En ce cas, on se sépare.


L'amour devient une sorte de performance ?
Oui, tout à fait et cette performance est directement liée la sexualité. Je ne pense pas que des couples, aujourd'hui, peuvent encore se dire très amoureux sans avoir aucune vie sexuelle, ce qui était pourtant le cas dans l'entre-deux-guerres.

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 11:38

Xavier, 35 ans, notre expert es lettres d'amour nous fait part de sa longue expérience en termes de missives amoureuses. Voici les conseils de cet homme avisé.
Propos recueillis par le Bureau des cœurs.

 

Comment écrire une lettre d'amour ?

Je crois qu'il faut l'écrire avec les tripes, ne pas hésiter à tout déballer, oublier sa timidité maladive et ne pas avoir peur des réactions immédiates... car tant que vous ne l'avez pas envoyée, vous ne risquez rien ! Donc aucune raison de se contenir, laissez parler vos émotions, écrivez avec les mots qui vous appartiennent. Évidemment, cela nécessite de posséder un minimum de vocabulaire. Exprimer ses sentiments requiert aussi de pouvoir poser des mots sur ses maux. Ce n'est pas pour rien que l'on commence souvent à écrire des lettres d'amour à l'adolescence, lorsque l'on découvre les joies de la langue française. Je me souviens d'un ami qui, pour exprimer ce qu'il ressentait, parlait en anglais, comme si utiliser une langue étrangère le protégeait du jugement des autres... et du sien par la même occasion ! C'était assez amusant à faire, mais je préfère toujours écrire. Par ailleurs, je crois qu'il faut écrire lorsqu'on en ressent le besoin, les mots viennent plus facilement et c'est alors que le flot coule naturellement et a des chances de toucher le cœur de l'autre. Pour écrire une lettre d'amour, il ne faut plus être dans le contrôle, mais dans le laisser-aller. Peu importe le premier résultat, puisque vous pouvez vous relire, réécrire, modifier. Surtout, ne jamais tenter de se mettre à la place de l'autre, surtout lorsque celle-ci ne vous connaît pas et que vous non plus. Vous ne saurez jamais comment elle peut réagir, inutile de vous triturer l'esprit ! «Et si elle avait un petit ami ?», «Et si elle me trouvait niais ?», etc. Faites fi de toutes ces considérations et montrez-vous comme vous êtes. Vous êtes romantique ? Assumez !

 

Comment répondez-vous à une lettre d'amour ?
Pour ce qui est de répondre, je suis assez mal placé puisque je n'ai reçu à ce jour qu'une seule lettre de ce genre (les clichés ont la vie dure.. .l'homme doit faire le premier pas, c'est bien connu !). Tout d'abord, je pense que je répondrais sans hésiter et en toute sincérité. C'est la moindre des choses vis-à-vis de quelqu'un qui a pris le risque de vous dévoiler ses sentiments. Même si c'est pour refuser ses avances ! Au moins les choses seront claires. Il n'y a pas pire situation que celle d'une personne amoureuse qui ne saura jamais si l'objet de son cœur ressent quelque chose réciproquement. Ensuite, si les deux protagonistes sont amenés à se croiser (à l'école, au bureau, etc.), je pense qu'il est impératif, pour maintenir des relations saines, que chacun connaisse la pensée de l'autre pour éviter les souffrances inutiles et les idéalisations excessives. Car j'ai remarqué que lorsque l'on a des sentiments pour quelqu'un, qui ne répond jamais à nos déclarations, on s'emmure facilement dans un monde où l'autre est idéalisé. Le jour où cette béatitude est rompue, tout s'écroule et la déception s'installe, rendant la vie terriblement plus difficile à supporter.

 

«J'ai remarqué que lorsque l'on a des sentiments pour quelqu'un, qui ne répond jamais à nos déclarations, on s'emmure facilement dans un monde où l'autre est idéalisé.»

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 10:53

Chaque jour, je découvre un peu plus, avec effroi parfois, que je suis romantique. Caractérielle et parfois tyrannique, je deviens douce comme un agneau dans les bras d'un homme aimant. Alors, lorsque j'ai vu Sex & the City le film (7 fois au total, et je n'ai presque pas honte de cette confidence) et Carrie Bradshaw lire des lettres d'amour extraites d'un recueil à son Mr. Big… j'ai craqué et ai recherché cet ouvrage, qui me permettrait de m'évader, de rêver, voire de fantasmer.

 

Au cours de mes recherches, je suis tombée sur un site : www.abebooks.fr. Et j'ai eu la réponse à mes questions. Voici ce que dit l'interface sur le livre que Carrie Bradshaw feuillette dans le lit conjugal… empruntant les lunettes de vue de son homme.


« A l'heure où les déclarations sentimentales se réduisent souvent à un simple "Je t'm" envoyé par sms, qui aurait pu imaginer qu'un film aussi léger que Sex and the City contribuerait à raviver l'engouement pour les longues lettres d'amour enflammées ?
Dans la version grand écran, l'héroïne Carrie Bradshaw lit à "Mr. Big", son amant, un recueil de lettres d'amour écrites par les plus grands noms de la littérature. Les plus attentifs auront pris note du titre figurant sur la couverture : "Love Letters of Great Men". Et depuis, AbeBooks a reçu des centaines de demandes du monde entier au sujet de ce livre. Cependant, il n'existe aucun livre intitulé de la sorte !

Toutefois, AbeBooks a retrouvé un livre intitulé "Love Letters of Great Men and Women : From The Eighteenth Century To The Present Day" de C.H. Charles. Il s'agit sans doute du livre qui a inspiré les scénaristes de Sex and the City. Publié pour la première fois en 1924, il fut réimprimé en 2007 par la maison d'édition Kessinger, spécialisée dans la réédition d'oeuvres qui n'auraient jamais dû être épuisées.
L'ouvrage de C.H. Charles contient des lettres de grands noms de la littérature, tels que Guy de Maupassant, George Sand et Goethe.
Si vous cherchez également l'inspiration pour rédiger une lettre d'amour à l'élu(e) de votre coeur, pourquoi ne pas emprunter quelques lignes aux grands maîtres, parmi les soixante lettres enflammées de George Sand à Alfred de Musset, celles de Napoléon à Joséphine, la correspondance passionnée d'Edgar-Allan Poe à Helen, les lettres d'amour fictives d'Ovide, la brûlante correspondance de Khalil Gibran et May Ziyadé ou encore celle d'Edith Piaf à Marcel Cerdan et du peintre Balthus à Antoinette de Watteville.

Et puisque la sagesse populaire considère que "quand on aime on ne compte pas", offrez-vous sur AbeBooks une lettre manuscrite du Marquis de Sade à sa femme datée de 1782 (6 800 €).
Enfin, pour les relations amoureuses plus compliquées, AbeBooks vous suggère la "Lettre imaginaire à la femme de mon amant" ! »

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 12:00

Christine Berrou, journaliste et homoriste, prodigue ses conseils dans le magazine Sensuelle et notamment pour l'écriture d'une lettre d'amour.


 

En ces temps de réseaux sociaux, de « consommation affective » et de zapping amoureux, personnellement je souffre d'une grande frustration : j'ai mal au romantisme ! Oh ! Mais c'est le printemps, et si on écrivait des lettres d'amour à nos princes (plus ou moins…) charmants ? Vous séchez ? Très bien, voici 6 conseils pour déclarer votre flamme par écrit…


 

1)    Commencez toujours par un « Mon amour », « Mon cher et tendre » ou « Mon adoré ». Vous donnerez ainsi à votre texte un ton noble et romantique dès le début. Les « Mon canard » ou « Mon choubidou », gardez-les pour la fin de la lettre. Un billet doux, c'est comme un repas : on met le plus sucré à la fin.


2)    Pour attirer son attention et marquer le caractère très personnel, mais aussi très passionné de la lettre, commencez par évoquer un moment passé ensemble – anodin – mais qui vous a marqué et qui lui rappellera comme il est bien avec vous (par exemple : « Tu sais, quand on coupait les tomates pour la salade… », « Quand on achetait des tickets de métro… », « Quand j'ai failli traverser sans regarder et que tu m'as tenu le bras… »). Puis ajoutez, qu'à ce moment, ça a fait « tilt » : « J'ai su que c'était toi… », « J'ai compris que rien ne serait plus pareil… », « J'ai reconnu celui que j'attendais… ». Ah oui, c'est une lettre d'amour, il faut se mouiller un peu !!! Vous voulez dire « Je t'aime » pas « Je t'aime peut-être je crois… ». Pensez Alexandre Dumas, pas Mireille (Dumas) !


3)    Ensuite, au cas où il aurait eu peur, il faut dédramatiser. Avec de l'humour. Prenez le défaut que vous lui reprochez le plus et tournez-le en dérision : « Ce n’est pas grave si tu fumes trop, en fait c'est tant pis pour toi, tu raccourcis une vie avec moi… », « Alors oui, tu n'as pas de tablettes de chocolat. Te concernant, c'est même plutôt du Nutella, mais ça va mieux avec ma brioche… Tu vois, on est fait l'un pour l'autre ».


4)    Allez sur le site Evene.fr. Vous connaissez ? C'est un site qui offre une palette incroyable de citations pour toutes les occasions. Ainsi, demandez, via son moteur de recherche, une citation avec le mot « amour », « passion » ou « complicité »… Et ajoutez-la, ni vue ni connue dans votre lettre. Par exemple : « Mon amour n'a pas d'âge, il est toujours naissant. » Bon, là en l'occurrence c'est de Blaise Pascal, mais votre chéri n'ira pas vérifier si c'est de vous (j'espère juste que votre amoureux n'est pas prof de français…) et là vous gagnerez la virtuosité d'un grand auteur ! Pour résumer, sur des citations « empruntées » et les vôtres, écrivez ce que vous voudriez vous-même recevoir !


5)    Flattez son physique, décrivez ce que vous aimez le plus chez lui : ses mains, ses cheveux, ses yeux… Et pour plus de glamour, comparez-le à un acteur des années 50 : Richard Burton pour les mystérieux, James Dean pour les beaux minets, Frank Sinatra pour les ténébreux, Gene Kelly pour les marrants… Cherchez bien, il y en a forcément un qui lui correspond !


6)    Soignez la forme. Envoyez votre lettre par la poste et transformez-la en « pochette surprise de l'amour » : pétales de rose, trace de bisous au rouge à lèvres, cachet de cire… Enfin, bien sûr, écrivez votre lettre à la main. C'est la moindre des choses. Et si vous avez le temps de dresser un pigeon voyageur, vraiment c'est l'idéal…
 


 

Mais alors attention, voilà exactement le contrairement de ce qu'il faut faire :
 

 


« Mon prince de lu (parce que bientôt tu m'auras lu, rien à voir avec les biscuits fourrés au chocolat, dans le magazine je ne peux pas citer de marques…),
Tu sais, l'autre jour quand tu m'as encore obligée à regarder Lost, mes pensées se sont laissées aller à quelques divagations et j'ai réalisé que tu étais l'homme que je voulais épouser et à qui faire 6 enfants. Je sais ce que tu vas dire : que tu ne m'obligeras plus à regarder Lost. Et que l'on ne se connaît que depuis trois semaines. Et pourtant, je t'aime comme un fou, comme un roi, comme une star de cinéma (oui tout à fait, c'est de moi…). Alors bien sûr, tu n'es pas très futé, l'autre jour tu croyais que la mégalomanie était un pays d'Afrique. Mais ce n’est pas grave ! T'es mon Laurel ! Mon Hardy ! (Je devais choisir un vieil acteur et j'hésitais entre les deux…) Je t'aime. T'es mon choupidou d'amour au sucre, au chocolat et au miel ! (Pour finir sur du très très sucré…) »
 


 

Christine (qui espère quand même que ses lectrices suivront mieux qu'elle ses conseils pour écrire leur lettre d'amour…).
 


Sites : www.sensuellemagazine.fr ou www.christineberrou.com

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 17:16

Marine Haÿ, journaliste multicarte, nous présente un livre, qu'elle a sélectionné : Quand souffle le vent du Nord de Daniel Glattauer.

 

A l'heure des nouvelles technologies, envoyer une lettre d'amour, disons-le, c'est un peu ringard. Du coup, les romantiques incurables ont trouvé la parade: "le mail d'amour". Et avec un champ des possibles aussi large que celui de la toile, la rencontre fortuite, par mail interposé, est d'autant plus plausible. Pendant plus d'un an, Emmi et Léo vont correspondre, sans s'être jamais vu, sans avoir rien d'autre en commun que la ville où ils habitent et une curiosité insatiable de l'autre. C'est parfois une onomatopée, une ponctuation (!), parfois deux pages de déclaration d'amour. Une relation tellement puissante qu'elle envahit la "vraie" vie de ces êtres passionnés.

Le roman de Daniel Glattauer a l'avantage de remettre au goût le genre du roman épistolaire, dont le dernier digne membre serait, d'après les puristes, Les liaisons dangereuses (c'est dire !). Mais ces échanges de mails, très rarement interrompus, prennent une telle place dans la vie de nos deux héros, qu'ils semblent n'avoir plus d'existence en dehors des doigts qui frappent le clavier. A tel point qu'ils en viennent à parler de leur propre mails. Ils les décryptent, les analysent et les décortiquent tellement qu'ils en perdent de leur charme. Cela a le mérite de les occuper, à tel point qu'ils se passent d'une rencontre... Enfin ! Pour combien de temps?

 

Quand souffle le vent du Nord, de Daniel Glattauer, Poche (2011), 6,95 €.

 

 

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 08:18

Comme certains sont fins gourmets, Xavier, 35 ans, est expert es lettres d'amour. Presque vingt ans d'expérience dans le domaine. Pour lui, une façon de poser ses sentiments en même temps qu'il couche les mots sur le papier. Un seul regret, le retour des femmes a rarement été à la hauteur de ses espérances… littéraires.
Propos recueillis par le Bureau des cœurs.

 

• Quand avez-vous écrit votre première lettre d'amour ? Je devais avoir 16 ans, mais j'en avais reçue avant ! Je me souviens un été, j'avais 16 ans et je travaillais dans une écurie de promenade. J'aidais les touristes à préparer leur cheval et guidais les débutants. Je croisais beaucoup de monde, et évidemment beaucoup de jeunes filles de mon âge ou un peu plus jeunes. Un jour, une jolie blonde avec un accent suisse vint me demander mon adresse, soit disant pour correspondre. Je lui donnai sans réfléchir, innocent que j'étais ! Quelques semaines plus tard, je reçus une lettre de Suisse... une lettre d'amour !!! Chrystel, c'est son prénom, terminait sa missive par un élogieux «mon bel étalon». J'étais pétrifié ! Comme beaucoup de garçons, je n'étais pas encore très dégourdi vis-à-vis des filles et je restai sans voix pendant un moment. C'était la première véritable lettre d'amour que je recevais ! Je crois l'avoir gardée, il faut que je cherche... Je note toutefois que j'en ai très peu reçue, et que j'ai souvent été seul à faire la démarche.

• Pourquoi ce moyen vous semble-t-il adapté à la déclaration des sentiments ? Il permet de poser les mots, de réfléchir avant d'agir, de choisir le bon mot (ce qui n'est pas forcément possible pour tout le monde, soyons clair), d'effacer puis de recommencer, et surtout, surtout, de ne pas être intimidé comme on peut l'être face à quelqu'un, surtout pour un garçon. La société contemporaine véhicule des clichés tenaces sur la façon, dont les hommes doivent s'y prendre avec les femmes. Hormis dans les films d'auteur français, vous en voyez souvent des lettres enflammées à l'écran ? Pas beaucoup. L'homme doit se montrer... homme, avec tout ce que cela suppose d'a priori. Et si vous avez le malheur d'exposer vos sentiments, vous prenez des risques. Mais écrire une lettre peut aussi être un acte de lâcheté. Nous nous cachons derrière la plume, en espérant trouver une oreille attentive, réceptive. C'est comme jeter une bouteille à la mer... Enfin, écrire laisse une trace. J'ai toujours pris soin, lorsque j'envoyais de grandes lettres de déclaration, de les écrire à la main. Cela ajoute au côté romantique... et je suis déçu de ne pas en avoir reçu plus !

• Quel est le retour que vous en avez de vos dulcinées ? Vous avez quatre types de réactions, sans présumer de la suite donnée. 1/ Les gênées mais sincères qui vous ont lu jusqu'au bout et vous trouvent touchant. 2/ Les écervelées que vous aviez crues capables de comprendre ce que vous ressentiez, mais qui se révèlent parfois méchantes tant elles sont bêtes. 3/ Celles qui réfléchissent trop et ne lisent pas ou presque, se disant que vous n'avez rien compris aux femmes, et se demandant ce qu'elles ont fait au ciel pour mériter ça. 4/ L'âme-soeur, celle qui vous comprend immédiatement, vous envoie une réponse aussi tendre et enflammée...mais c'est une fois tous les 200 ans !

• Est-ce un moyen de communication que vous utilisez toujours ? Oui à 200%. Certes j'ai troqué ma plume contre un clavier. C'est beaucoup moins romantique, mais j'avoue que c'est plus rapide... et pire, je ne parviens à penser qu'avez un clavier, c'est grave... Je m'en suis toujours servi avec chaque femme qui, un jour, a soulevé en moi un élan sentimental. Sur ce plan, je suis assez transparent avec l'autre. Rien de pire que de garder ça pour soi. Au pire, je me fais gentiment remercier. Au mieux, je vis une belle histoire réciproque (étant bien entendu que je n'écris qu'à des femmes célibataires, j'ai horreur des hommes, qui tentent de voler la femme d'un autre, je ne le fais donc pas moi-même). Je suis avec quelqu'un depuis bientôt quatre ans et avant d'être ensemble, nous avons énormément correspondu par mail. Je n'ai pas écrit de lettre enflammée tout de suite, car tout est venu progressivement. Mais le jour où nous nous sommes révélés nos sentiments, je lui ai écrit une lettre. Et je lui en ai écrit de nombreuses autres, au gré de mes humeurs, de l'évolution de mes sentiments,... Je crois que c'est important dans un couple de partager cela, d'écouter l'autre, de respecter ses envies et de tenter de répondre à ses attentes. Toutefois, dans mon cas, j'ai été un peu déçu. Elle ne m'a jamais écrit de vraie lettre d'amour et ne sait jamais quoi répondre à mes mails sentimentaux, ce qui est assez frustrant je dois dire. Je pense lui écrire une longue lettre fin décembre, à la veille de son départ pour les USA pour 5 mois. Et celle-ci, je l'écrirai avec une plume, une vraie !
Je pense, d'une manière générale, qu'entre les positions prises en public et la réalité, il y a un fossé assez net. Je me souviens de camarades à l'université qui, lorsqu'elles apprenaient mon côté romantique, ne cessaient de me dire que j'étais formidable, des hommes comme toi on n'en fait plus, blablabla... Mais cela ne m'a jamais aidé dans ma quête de l'amour, au contraire. Les gens sont trop dans la maitrise des sentiments, le contrôle de soi, de l'image qu'ils veulent donner au reste du monde. Et l'aveu des sentiments constitue, à mon sens pour beaucoup, une faiblesse. Alors pour un homme pensez donc ! Pourtant, j'ai conservé dans un creux de ma tête les rêves romantiques de ma jeunesse, où j'emmenais ma dulcinée sur mon destrier chevaucher dans les plaines, courant vers un bonheur certain. Je trouve qu'il n'y a pas plus beau que d'écrire une lettre emplie de mots doux et porteurs de sens, et je regrette que les femmes d'aujourd'hui n'y soient pas plus sensibles.

 

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 21:24

Intouchables, 2011.
Réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache.
Avec l'excellent François Cluzet et le bluffant Omar Sy.

 

Si cette comédie sentimentale traite de l'interdépendance d'un tétraplégique fortuné et de son aide à la personne – le premier apporte le salaire et le second son soutien 24h/24 – il serait dommage d'omettre qu'amitié et amour y jouent de beaux rôles.

 

• L'amitié qui naît entre François Cluzet/Philippe, impressionnant de vérité dans le rôle inspiré de la vie de Philippe Pozzo di Borgo, et le merveilleux Omar Sy/Driss, qu'il eut été navrant de ne pas découvrir sur grand écran. Celui que l'on connaissait jusqu'alors pour être l'amusant comparse de Fred, dans le Service après vente sur Canal+, est ici sublimé. Ou peut-être n'avais-je jusqu'alors pas remarqué à quel point cet homme est beau. Une présence, un jeu sincère, un sourire taquin, des yeux rieurs…

 

• L'amour d'un fils adoptif (Omar Sy) pour sa mère, qui tente de nourrir plus de bouches que son salaire de femme de ménage ne peut lui permettre. L'amour d'un père (François Cluzet) pour fille adoptive, qu'il lui rappelle peut-être trop sa défunte épouse, dont il était fou amoureux. Et aussi l'amour entre deux employés de maison, qui ne s'étaient alors pas vus autrement qu'en collègues. Et enfin l'amour homosexuel entre deux femmes, dont l'une s'avère le fantasme de Driss.

 

• Et bien entendu, sans quoi parler de ce film n'aurait pas d'intérêt sur ce blog, la relation épistolaire emflammée entre Philippe l'érudit, et Eléonore, une femme du Nord de la France… qu'il n'a jusqu'alors jamais rencontrée et à qui il n'a jamais parlé. Il s'est gardé de lui parler de sa maladie due à un accident de parapente. Il s'est gardé de lui divulguer des informations quant à son immense fortune, car il ose encore espérer – malgré tout – qu'une femme puisse s'éprendre de lui pour autre chose que pour son compte en banque. Ils se séduisent avec des vers extraits de poèmes de Guillaume Appolinaire (Poèmes à Lou) ou de Charles Beaudelaire. Philippe déclame à son assistante, assidue à la tâche de scribe : «Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants, / Et dans cette nature étrange et symbolique / Où l'ange inviolé se mêle au sphinx antique» (Baeaudelaire). Ces trois alexandrins sont ceux qui sauront trop exaspérer Driss, lequel subtilise une lettre d'Eléonore, sur laquelle est inscrit son numéro de téléphone. L'aide soignant appelle la correspondante et transmet la communication à son employeur, lequel tombe sous le charme… avant de paniquer à l'idée qu'Eléonore ne découvre son handicap. Après un premier rendez-vous manqué, la désertion de Driss puis son retour dans la vie de Philippe, une seconde rencontre entre les deux poètes est organisée au bord de la mer… du Nord. Le début d'une belle histoire pour Philippe, celui du film et Pozzo di Borgo. Car il est mentionné dans le générique que le riche tétraplégique s'est remarié, est parti vivre au Maroc et a eu deux filles de cette union.

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 18:52

Oui, bienvenue dans un monde, où la lettre d'amour prend votre avenir amoureux à bras le corps.

Car déclarer sa flamme relève d'un art complexe, pouvant avoir pour allié une certaine forme de littérature. Dire "Jte kif" par sms n'est pas votre genre. Pour vous, envoyer un mail n'est pas assez inventif. Et téléphoner… ah ça non, vous savez que vous allez bégayer ! Alors je vous propose cette plateforme, qui dépoussière la lettre d'amour. Faites-moi passer celles que vous avez reçues ou écrites, je les publierai en respectant votre anonymat, si tel est votre choix (bureaudescoeurs@gmail.com). Mais je peux aussi vous identifier si vous vous voulez que Jojo sache enfin les sentiments, qui vous animent !

Ainsi, je publierai les lettres d'amour, que vous avez reçues ou celles que vous avez écrites pour conquérir votre dulcinée ou votre amant secret. Mais c'est aussi une belle opportunité pour vous : votre inspiration vous fait défaut ? Piochez les plus belles phrases, celles qui vous touchent…

Enfin, je publierai aussi celles que vous n'avez jamais eu le courage de poster. Pour des raisons qui vous appartiennent. C'est peut-être l'occasion de mettre en ligne cette missive destinée à Bob, votre collègue du service des ressources humaines et de lui suggérer finement de découvrir "un super blog".

Un petit secret, je me permettrai peut-être, parfois, d'inclure des lettres que j'aurais aimées recevoir. Ou celle de grands auteurs, du temps ou cette pratique était courante. Mais chuuut, cela reste entre nous ;-)

A très vite pour découvrir vos billets doux, lire ceux que vous avez reçus… et bien entendu poster sur "Au bureau des cœurs" tous les bons – et beaux – mots.

En vous souhaitant beaucoup d'amour…

Contact : bureaudescoeurs@gmail.com

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  • : Bureau des cœurs
  • : Déclarer sa flamme relève d'un art complexe, pouvant avoir pour allié la lettre d'amour. Dire "Jte kif" par sms n'est pas votre genre. Pour vous, envoyer un mail n'est pas assez inventif. Et téléphoner… ah ça non, vous savez que vous aller bégayer ! Alors je vous propose cette plateforme, qui dépoussière la lettre d'amour. Faites passer celles que vous avez reçues ou écrites, je les publierai : bureaudescoeurs@gmail.com
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